Saisons 1 à 5.

Je sais ce que vous vous dites. Alors oui, je sais, Ally McBeal s'est terminée il y 800 ans et vous trouvez que ce titre est donc aussi actuel et moderne que vos achats sur Ibazar, vos conversations via ICQ ou pire, Veronica Loubry présente à la télévision, et pourtant c'est bien en 2011 que j'ai terminé les histoires d'Ally McBeal.
A l'époque de sa diffusion sur M6, en deuxième partie de soirée si je ne me trompe pas, je n'avais jamais eu la curiosité d'y jeter un œil mais je savais que la série comptait un nombre important de fans. En la découvrant grâce à l'intégrale DVD il y a au moins sept ans, j'ai avalé avec plaisir les deux premières saisons. Puis en 2008, j'ai repris en groupe le visionnage quotidien et ce pour quatre saisons. Et nous y voilà, 2011, non sans peine, j'ai enfin réussi à mettre un point final à Ally McBeal.
Pour faire court et simple, les quatre premières saisons sont absolument géniales, drôles, attachantes et originales, alors que la dernière est catastrophique, horripilante et devient la caricature d'elle-même.
Le synopsis est assez clair puisque ce feuilleton au succès mondial, qui a révélé Calista Flockhart, raconte la vie quotidienne d'une jeune trentenaire complètement angoissée, jonglant difficilement entre le nouveau cabinet d'avocat qu'elle vient d'intégrer et des relations amoureuses bien bancales. Le fait de devoir travailler dans les mêmes bureaux que son amour de toujours, Billy, désormais fiancé à Georgia, elle-même avocate, ne lui facilite pas les choses. Heureusement pour elle, les affaires les plus folles que le cabinet a à traiter, les clients les plus dérangés qui la consultent et surtout ses patrons et collègues chacun plus délurés les uns que les autres, la divertissent suffisamment pour lui faire sortir, au moins momentanément, la tête de ses obsessions ou de sa mélancolie ambiante.
Voici le moment que je choisis pour évoquer toutes ces choses si particulières dont j'ai été fan au fil des saisons, au travers des personnages principaux de la série :
J’aime les gros effets spéciaux de cartoons. Ally est désespérée, on la voit se faire jeter dans une benne à ordures ; Ally est gênée, elle devient aussi grande qu’un pouce ; les mecs voient une bombasse blonde traverser les bureaux, leurs langues de Tex Avery et/ou leurs mâchoires se décrochent et tombent au sol !
J’aime John Cage pour tout ce qu’il est, son nez qui siffle, son – évidemment – Poughkeepsie, ce surnom de "Biscuit", ses plaidoiries de malade mental mais en fin de compte toujours justes, son âme d’enfant, ses verres d’eau, sa grenouille, ses absences, sa manière de danser, sa fessée à Nell et plus que tout, sa thérapie du sourire !

J’aime Ling qui dit tout ce qu’elle pense, qui souhaite qu’on prononce son prénom d’une certaine manière, qui est glaciale même avec les malades, qui dénigre toute minorité, n’a aucune retenue face à un juge et qui reste parfaite de supériorité en toutes circonstances !
J’aime Richard Fish parce qu’il n’aime que deux choses : le pognon et les femmes. J’aime qu’il se foute si souvent du fond en ne pensant qu’à son fric, j’aime qu’il caresse les dessous de mentons ridés, j’aime son couple avec Frimousse, j’aime son couple avec Ling et j’aime qu’il puisse provoquer des orgasmes grâce à deux doigts tripoteurs de genoux !
J’aime Elaine Vassal qui veut toujours chanter, j’aime Elaine qui veut toujours se frotter aux mecs, j’aime ses tenues, j’aime ses inventions, j’aime qu’elle écoute aux portes, j’aime qu’elle soit libérée, j’aime qu’on la remballe mais j’aime ses « Antipathique ! ».
Enfin, j’aime cette ambiance, ces affaires de cinglés, les relations entre les personnages, leur vision du monde, leur folie, l’émotion qu’ils arrivent à transmettre dans de petites bribes de moments tragiques ou nostalgiques.
Pour ce qui est des événements marquants, celui qui m'a traumatisé est la mort de Billy en plein tribunal. Si le personnage m'était clairement antipathique et que son évolution suite à son divorce, et durant la découverte de sa maladie neurologique, était devenue bien lourde, sa chute, sa fin, éclipse tout car le téléspectateur en le voyant mourir dans les bras de son premier amour, de sa meilleure amie, de sa confidente, sait parfaitement à quel point l'héroïne est à ce moment précis absolument détruite. Cette scène, ces peines, ont été de grands moments de télévision.
Malgré son immense chagrin, Ally parviendra à se relever et en saison 4, arrive l'un des meilleurs personnages que la série ait connu, en tous les cas parfaitement adapté à notre névrosée de service : celui de Larry, son nouvel amant, son nouvel amour. Pas étonnant que la sauce ait pris parfaitement, puisque l'acteur, alors débutant, n'est autre que le formidable Robert Downey Jr., devenu depuis star mondiale grâce à Iron Man ou Sherlock Holmes. Suivre une fiction comique télévisée avec un acteur de cet acabit est une valeur ajoutée énorme !

Et là, alors que la série est à ce moment précis sur des rails, Ally se fait larguer et Robert quitte la série. On a lu ci et là que les problèmes personnels de l'acteur en étaient la cause. Sans réellement pouvoir l'expliquer, il s'avère que son départ conclura 90% de ce qui était positif dans Ally McBeal. En effet, cette saison, à la si mauvaise réputation, la mérite clairement. Tout s'envole, tout part en sucette. Les scénaristes mettent les bouchées doubles pour assurer le spectacle, mais malheureusement les histoires sont faibles, excessivement tirées par les cheveux, et la pléthore de nouveaux personnages, de guests et de va-et-vient ne va qu'amplifier le capharnaüm général de cette très très mauvaise saison. Les débuts, malgré le manque de charisme de la nouvelle Jenny, le vide sidéral laissé par la nouvelle Greta, le peu d'intérêt que provoque le pourtant sympathique mais ici uniquement beau Glenn - devenu depuis star des X-men et autres Il était une fois... chez Disney - ne font pas immédiatement plonger la série. Mais au bout de quelques épisodes, c'est véritablement une bouillabaisse de merde qui nous est servie. De nouveaux personnages sont encore une fois introduits, on ne les citera pas tous même s'ils ont trouvé un rôle principal dans
Cougar Town depuis. On retiendra plutôt l'incrustation du summum de la connerie avec le personnage du travesti cinquantenaire Claire Otoms, faisant à elle seule descendre le niveau de plusieurs paliers. Cette façon de parler haut-perché, comme dans un mauvais remake de la Cage aux folles, rend un grand nombre de scènes absolument insupportables. Ne s'arrêtant pas sur cette base catastrophique, on continue de plus belle en engageant le chanteur Jon Bon Jovi et l'actrice Christina Ricci, éternelle Mercredi Addams. Je n'ai rien contre ces deux personnes, mais si le premier hérite du texte le plus inintéressant de toute l'histoire de l'audiovisuel, on tente de concocter à la seconde un rôle de sous Ling, aux mêmes traits de caractère fonceur, franc et sans gêne, sauf qu'encore une fois les scénarios sont tous plus mauvais les uns que les autres. Même notre biscuit national ne s'en sort pas et se voit affubler de scènes de mariachi ridicules, donnant uniquement à l'acteur la possibilité de s'extraire de certains numéros daubesques proposés. Ceux qui restent semblent s'ennuyer ferme à l'écran et la petit pastille folle et délurée du début s'est transformée en grosse blague sans queue ni tête, offrant uniquement du surjeu. Quand une affaire juridique tente de nous décrocher une petite émotion, elle est toujours gâchée par l'incrédulité totale des situations, tout est extrême et le cabinet devenu Cage/Fish/McBeal et associés se transforme en repère de débiles mentaux avec un paroxysme atteint lors de l'épisode mettant en scène l'homme volant. Insupportable rien qu'à y repenser... La distribution est elle-même dans un tel fouillis total, que l'on a du mal à l'expliquer. Les scénaristes n'arrivaient-ils plus à s'organiser ? Ou l'ego des acteurs était-il monté si haut que les plannings de tournage n'étaient plus gérables ? Mais le fait est là, certains, pourtant très importants à l'histoire, disparaissent carrément du jour au lendemain comme Georgia, Ling ou Renée. D'autres sont exclus du semblant d'intrigue qui peut encore exister, comme Nelle, Elaine ou tous ces gens inutiles ajoutés en début de saison. Même Ally, quand elle est là, n'a que des histoires assommantes à défendre. A égalité sur le podium, sa relation avec le plombier rockeur, mauvaise copie d'anciennes relations chaotiques, mais qui ne prend absolument pas à l'image. Et bien sûr, comment trouver les mots pour désigner la cigogne qui lui balance un bébé Panettiere à la gueule alors qu'elle n'avait rien demandé, et en fait par la même occasion une maman McBeal ? Il n'y en a pas ! Ça n'apporte rien, ce n'est ni drôle, ni touchant ou crédible et peu importent les histoires d'erreurs de sperme. On s'ennuie devant notre écran et on a qu'une envie c'est que le père de Claire dans
Heroes débarque et dégomme tout ce beau monde !
Heureusement, toute cette équipe sauverait presque les meubles avec un dernier épisode, qui certes ne parvient pas à être véritablement rangé dans la catégorie des 'bons' car trop proche, trop collé à ce pavé de saison tellement indigeste, mais utilise néanmoins plusieurs ressorts toujours agréables au moment d'une conclusion. L'héroïne, après l'avoir cherché pendant toutes ces années, finit sans amour et, il faut bien l'admettre, c'est triste, mais on arrive à imaginer le nouveau tournant qu'elle est sur le point de prendre. Ally, pour sauver son insupportable fille, doit déménager et quitter tout le monde. Le prétexte est nul, mais le talent de la team de base d'Ally McBeal parvient à nous arracher quelques larmes, les clins d'œil sont nombreux, les retours sympas, la musique touchante, les boulets dégagés dans une scène finale qui rappelle qu'un jour, et pendant quatre ans, Ally McBeal a su conjuguer talent, rire et émotion.

Note des saison 1 à 4 :
16/20Note de la saison 5 :
4/20Note du dernier épisode de la série :
14/20