Génération 2 - Saisons 3 et 4 :
Les adolescents d’
Hartley, cœurs à vif ont grandi, disent des gros mots, baisent de manière bien plus libérée et se défoncent de bien des manières – qu’ils soient surdoués ou bien sûr révoltés.
En effet, un ton résolument désinvolte pour une jeunesse clairement désenchantée. Dès la saison 1, nous assistons à une première : une série basée sur les adolescents qui parvient à intéresser un public bien plus large. Si on peut imaginer que les jeunes de 17 ans suivant la série qui organisent à travers le monde des « skins party » s’identifient certainement davantage, la passion pour le programme est possible pour tous. Pourquoi ? La qualité et l’originalité sont là. Le traité du fond et de la forme est à la fois trash et punshy, sombre et coloré. La réussite est telle que les descendants aussi réussis que
Misfits a vu le jour.
Il faut dire que, dès ses débuts, le casting et le scénario appuient cet aspect général. Si vous avez regardé, vous devez vous souvenir de l’incroyable Tony, d’abord maître du monde qui, fauché en plein vol, voit sa vie bouleversée ; d’une Cassie aussi borderline que troublée ; de la quête d’acceptation de soi vécue par le talentueux Maxxie ; ou encore de la mort bouleversante d’un Chris aussi attachant que paumé. La diversité des histoires et des personnalités a marqué à la fois la télévision anglaise par ce tournant, mais aussi les téléspectateurs que nous sommes face à ces deux saisons clairement atypiques.
Avec un tel degré de satisfaction (certainement atteint lors du voyage scolaire en Russie, de la comédie musicale de Maxxie ou bien sûr le cas de cet accident de bus si marquant), il était une originalité de plus qu’il allait falloir digérer, car au contraire de nos gentils
Beverly Hills 90210 et autres
Sauvés par le gong, non seulement à mille lieues de cet univers, mais surtout d’une stabilité certainement rassurante pour le public, tous les deux ans le casting entier serait renouvelé. A l’époque, une telle osmose entre les personnages qui allait être interrompue si rapidement passait pour un véritable gâchis. Après coup et malgré mes excellents souvenirs de la bande à Sid, Michelle et Anwar, il faut bien reconnaître que l’idée n’était pas mauvaise. Peut-être même qu’elle est une des clés de la réussite puisque cette petite perle britannique va bientôt accoucher d’une septième (et dernière) saison.
Parlons désormais de cette génération 2. Les jeunes de Bristol fréquentent le même lycée et le seul lien réel qui demeure, est l’héroïne principale - Effy - petite sœur de Tony. Fille la plus allumée de la bande, usant et abusant des mecs et des drogues, nous assisterons à sa déchéance. En âme sœur malheureuse de Freddy, le plus sérieux du groupe, c’est auprès de Cook qu’elle se livrera aux expériences les plus hard. Cook, justement, a été un atout majeur du casting qui, écorché par une enfance catastrophique, deviendra toujours plus violent. L’intelligence de Skins doit être ici la manière de doser ces personnages dans la tourmente. Cook qui baise les copines de ses meilleurs amis ou qui agresse jusqu’à fracasser complètement le visage d’un inconnu lorsque ses sentiments deviennent trop forts, parvient néanmoins à montrer ses faiblesses, à toucher et à être attachant. Parallèlement, les deux jumelles de la saison doivent composer avec cette relation fusionnelle, révolutionnée par l’homosexualité de l’une d’entre elles. JJ et Thomas apportent de nouveaux thèmes inédits liés par la difficulté à s’imposer avec une différence : celle de l’autisme, même léger, ou de l’intégration sociale.
D’une manière générale, il m’a semblé qu’une évolution, bien que légère, soit palpable. Les adolescents vont plus loin dans la décadence et deviennent d’ailleurs, en saison 4, bien plus malheureux. Le suicide d’une de leurs camarades n’aidant pas. S’il fallait évoquer une chose négative, ce serait pour moi l’image des adultes trop caricaturale : des parents aux professeurs en passant par les assistantes sociales jusqu’au psychiatre meurtrier de la fin de saison, dans Skins, quand on n’a pas 17 ans, on est forcément un connard. Cet aspect exagéré, voire irréel, est l’un des seuls attrape-prépubères dérangeants que je distingue au fil des épisodes. Un proviseur farfelu ou un parent irresponsable existent et apportent à la fois l’humour et les interactions pêchues qu’il faut, mais lorsque c’est systématique et qu’au bout de 18 épisodes, on ne peut évoquer aucune personne plus ou moins normales (à part peut-être, très rapidement, le grand-père de Freddy), Skins flirte avec l’irréalisme et j’estime qu’elle vaut mieux que ça.
Enfin, venons-en au ver qui nous pourrirait presque la pomme : le season final. Alors qu’à la fin du 4X7, bouche bée nous sommes lorsque le thérapeute s’occupant de la magnifique Effy se révèle amoureux de la jeune fille, au point de nous fracasser à coups de battes de baseball le héros de la série, Freddy, le final est bien décevant. Certainement téléspectateur voyeur et un peu sadique, l’attente de voir les réactions des amis de toute une vie face au deuil était grande. La frustration de n’assister « qu’à » la belle déclaration d’amour de Naomi récupérant sa copine, de la rigolote Pandora se rapprochant de son ex ou de la danse bien fun de Cook, Katie et Karen, sont de bien maigres consolations. Nous voulions plus et nous voulions mieux !
En conclusion, la tâche de faire oublier la première génération était difficile mais dans sa globalité, le pari est réussi. L’amitié profonde des trois garçons a été l’un des aspects les plus satisfaisants de la série. Dommage pour ce faux pas final.
Saison 3 :
16/20Saison 4 :
15/20Pour suivre les mises à jour du blog sur Twitter :
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