
Paradoxalement, j'ai pris un certain plaisir à suivre la deuxième saison de Nurse Jackie.
En effet, vu de l'extérieur, si quelqu'un vous raconte cette nouvelle saison, il pourrait sans trop de mal tomber dans le négatif. L'histoire est très proche de la première saison, et il n'y a guère de grandes nouveautés. Ensuite, Nurse Jackie raconte plus que jamais un quotidien, certes compliqué, mais qui peut certainement lasser une partie du public, attiré davantage par les rebondissements. Enfin, l'héroïne emblématique de Showtime, contrairement aux héros de Californication ou Dexter bien qu'imparfaits, suscite moins la sympathie. Jackie ment beaucoup, trompe son mari, se drogue, peut faire de sacrés coups de pute à certains de ses collègues (Sam, le nouveau en est le meilleur exemple) et peut envoyer bouler des personnages sympathiques (Zoé la première), avec plus de naturel et de crédibilité que le Dr House ou que le docteur Cox dans Scrubs. Au vu de cette saison 2, il me semble que la popularité de l'héroïne en pâtira forcément, en particulier en comparaison aux exemples cités plus haut.
Alors pourquoi continuer à aimer non seulement une série avec peu de surprises et une héroïne paraissant pour beaucoup antipathique ? Avant toute chose, sa qualité première est l'éventail génial de personnages. Coop est très drôle, O'Hara est très drôle, Atalikus est très drôle, Zoé est très drôle... Vous l'aurez compris, les subtilités de ces quatre personnages, tant dans leurs qualités que dans leurs défauts, leurs mimiques, leurs façons de s'exprimer sont un régal. Si l'on en apprend assez peu sur leurs vies privées, leur force est là. Charmer en fonction des situations de l'hôpital est d'autant plus compliqué, mais pourtant réussi. En rentrant très peu dans leur intimité il nous est pourtant possible de déceler les complexes de chacun, leurs fragilités et très souvent ces quatre personnages parviennent à mêler habilement humour et attachement. Pour la mémoire du blog, il n'y a pas grand chose à retenir, O'Hara est lesbienne ; Coop, courant toujours après la reconnaissance, devient mannequin pour une campagne de publicité vantant les mérites de l'hôpital All Saints et couche avec la petite amie de Sam ; Atalikus ne devient rien mais crève franchement l'écran dans cette saison, je l'adore ; enfin la géniale Zoé tombe amoureuse d'un ambulancier et finit en couple.

Cette équipe de quatre gravite dans l'hôpital et apporte certainement mes moments préférés dans les scènes de comédie. Mais ce qu'il y a forcément d'important dans Nurse Jackie c'est... Nurse Jackie. Sa rupture avec Eddie aura tenu malgré les tentatives plutôt désespérées de ce dernier pour la récupérer. Mais à la fin, le monde de Jackie s'effrite sérieusement puisque Kevin, sur le point de la quitter, découvre avec O'Hara l'addiction de sa femme pour la drogue. Comment s'en sortira-t-elle ? Mystère et boule de suif. Ce qui est intéressant dans mon rapport avec cette série, c'est que contrairement à des shows tels que Desperate Housewives, je n'en attends rien, non pas que je la place qualitativement en dessous, bien au contraire, mais si à Wisteria Lane les personnages ne sont plus assez forts pour suffire au spectacle, c'est le cas pour Nurse Jackie. Je n'accorde par exemple aucune importance aux cas médicaux, c'est-à-dire que j'aime les suivre, mais j'en attends pas plus, je les prends comme un prétexte pour voir évoluer une équipe que j'aime beaucoup dans un environnement réduit et stressant. J'estime par ailleurs que la complexité de Jackie est rattrapée par son altruisme qui me touche très régulièrement. À des années-lumière de moments qui frôleraient la pathos, son implication auprès des patients, ses petits gestes, ne sont que la manifestation de son bon fond, elle montre qu'on peut être tout un tas de chose sans être ni tout blanc ni tout noir. Faire transparaître cette dualité dans des saisons de 12 épisodes de 26 minutes n'est pas chose facile et c'est pourtant le résultat.
En conclusion, si Momo, dont on n'a absolument pas expliqué le départ, a tout de même manqué à la série, la palette de personnages, le ressort comique du scénario, l'implication de son héroïne principale et surtout surtout l'ambiance générale, le ton particulier de Nurse Jackie en font une réussite, une fois de plus.

Note de la saison : 15,5/20