samedi 28 avril 2012

Mad Men

Saison 1


Mad Men, tout le monde s'accorde à le dire, est une grande série. Et pourtant...

Oui, pour moi, il y a un « Et pourtant... ». Un « Et pourtant... » relatif, mais un « Et pourtant... » affirmé.

Tout d'abord, pour ceux qui ne situeraient pas, Mad Men se déroule dans les années 60. On y voit l'évolution de la société, à la fois dans le monde des affaires par le biais d'un énorme cabinet de publicité - Sterling Cooper Advertising - mais aussi de la famille et en particulier du rôle de la femme.

Les personnages principaux sont les Draper qui incarnent à la perfection et avec un charisme incroyable ces héros d'un autre temps. Lui est froid, secret, macho (mais ni caricatural, ni plus que ses collègues, au contraire même), viril, intelligent, doué, travailleur, infidèle, sûr de lui en apparence, moderne, très charismatique, qui porte son travail et sa famille. Elle est femme au foyer, magnifique, distinguée, docile, triste et en mutation. Un couple qu'on prend plaisir à voir évoluer et s'éloigner.

Ce qui a été tant mis en avant, en lumière et à juste titre dans ce programme devenu événement, est sa qualité visuelle et il ne fait aucun doute que Mad Men subjugue par son esthétisme, sa reconstitution parfaite, sa réelle classe. Assister au show rendrait presque nostalgique d'une période que l'on n'a pas connue. Les clins d'œil au téléspectateur, bien ancré dans son quotidien, sont nombreux et font sourire. La cigarette bonne pour la santé, les vêtements, les codes strictes, les différences si fortes entre les hommes et les femmes, les références politiques ou culturelles nous mettent comme dans la complicité et c'est un sentiment agréable.

Pour mon goût, c'est du point de vue des histoires que ça pêche. Je suppose que pour être dans le classieux, la série frôle parfois le piège à bobo où le rythme s'accélère peu. Il est forcément mieux vu de se pavaner devant cette première saison plutôt que devant les lancements de Desperate Housewives ou The Walking Dead. Pour ma part, c'est non. Les zombies ou le suicide de Mary-Alice m'ont bien plus tenu en haleine. Le passé familial de Don, la relation cachée de Peggy la secrétaire - avec le serpent arriviste de la boîte, Pete - ou la vie de l'excellentissime Roger Sterling (santé, business et tromperies) sont des histoires plaisantes à suivre mais auxquelles il me manque un petit quelque chose.

Au final de ce premier jet qui a tant fait fureur, j'y trouve clairement des aspects agréables mais je souhaite à ma future saison deux d'ajouter la cadence et les éléments scénaristiques qui feront de Mad Men, une série qui, à l'image de Six Feet Under, entretiendra avec autant de qualité l'emballage que l'intérieur du paquet ! A suivre...


12,5/20

The Walking Dead

Saison 1
Après tout ce temps et alors que la saison 2 est déjà terminée, je viens de remarquer que dans le sac des oubliées du blog, il y avait la si géniale Walking Dead !

En effet, cette grande série qui traite d'un lendemain d'apocalypse est clairement à voir. Un long métrage sur une saison, voilà ce qu'est avant tout The Walking Dead ! Comme son nom l'indique, AMC traite ici d'un thème original et accrocheur : les zombies. Véritable appel du pied à toute une génération ayant grandi avec de si nombreux films - souvent nanars, il faut bien le dire - mais pour un néophyte tel que moi, je vous assure que le spectacle vaut son pesant d'hémoglobine. Le synopsis ressemble, à s'y méprendre, aux blockbusters ayant fait tant de succès ciné dans les années 90/2000.

Le shérif Rick Grimes (incarné par le très bon Andrew Lincoln) se réveille dans un hôpital désert, à la suite d'un coma. Stupéfait, les traces de panique sont visibles partout. Il est seul et constate les vestiges d'une catastrophe sans précédent : désolation, cadavres, chars de l'armée abandonnés et un néant assommant. La priorité est alors de retrouver sa famille. La chose n'est pas simple puisque très vite, abasourdi, Rick se retrouve face à un mort-vivant rampant et dégueulasse.

D'abord pris pour l'un des monstres, le shérif rencontre au fil des épisodes de rares survivants, perdus, tentant de résister à ces anciens voisins, ces anciens proches, ces anciens gens lambda transformés en tueurs sanguinaires. S'organiser, se protéger, lutter, sans l'aide de personne, donner ou reprendre sa confiance, ne sont que certains des éléments essentiels avec lesquels il faut jongler. Un camp plus important, et à première vue sécurisé, est découvert à la mi-saison : des retrouvailles se font, de lourdes pertes et transformations sont subies et le temps du voyage arrive. Une quête plutôt : se rendre au centre pour le contrôle et la prévention des maladies afin d'y trouver un vaccin. Arrivés sur place, le destin de nos survivants va prendre un nouveau tournant et les choix importants seront de rigueur...

En conclusion, malgré un dernier épisode en dessous du niveau de la saison, sachez que fans de zombies ou non, le scénario de cette excellente série tient réellement la route, les effets sont d'un très haut niveau, la tension est palpable et rien que pour la scène de pluie surprise, The Walking Dead ne se manque pas !

17/20

lundi 2 avril 2012

Californication

Saisons 2 et 3


Alors que Californication peine à trouver son public sur M6, les fans que nous sommes peuvent se réjouir de la venue prochaine d’une cinquième saison.

Fan, je peux m’y inclure puisque, quelques années plus tard, je me suis revisionné la saison 2 entièrement et découvert avec passion la numéro 3. L’ambiance « roots » est toujours aussi agréable et Duchovny continue d’imposer ce personnage délicieusement nonchalant, souvent irrévérencieux mais clairement profond.

La saison deux, après des débuts inégaux, trouve son rythme et Moody au contact du rocker pour qui il écrit une biographie nous donnent deux adultes un peu ado et nous éclatent jusqu’à ce que les conquêtes et la jalousie s’en mêlent. Charlie, de son côté, met un pied (et le reste) dans le monde du porno et se rapproche de l’hardeuse paumé, Daisy. En découlera sa rupture avec Marcy.

Evénement pour le season final : Lew Ashby meurt d’une overdose. Secoué (mais pas assez à mon goût), Hank qui ne parvient pas à se canaliser et à se poser avec sa moitié doit subir une épreuve de taille : Karen s’en va à New York. C’est avec sa fille qu’il vivra…

Débute la saison 3, inédite pour moi qui, malgré Becca, pour la première fois insupportable et en pleine crise d’adolescence, devient encore de meilleure facture que les histoires précédentes.

Charlie, en instance de divorce avec Marcy, travaille désormais comme agent auprès de l’improbable Sue Collini. Aussi dégueulasse que géniale, cette femme vulgaire et avide de sexe nous vaudra des fous rires réguliers. Quand elle devient la maîtresse de Runkle, elle est capable de déclarer tout de go « Runkle, vous êtes libre pour un steak et une pipe ce soir ? » ou exprimant sa joie soudaine de la manière suivante : « Collini mouille ». Ce clitoris de Collini si souvent évoqué par elle-même m’a éclaté. En fin de saison, le meilleur ami de Moody croit récupérer l’amour de sa vie, mais Marcy semble avoir pris leur dernière partie de jambes en l’air pour un adieu et signe les papiers du divorce…

N’ayant pas repris le chemin de l’écriture, Hank décroche un poste d’enseignant dans une université de renom, à l’opposé des libertés que s’octroie notre héros. La liberté est un euphémisme le concernant puisqu’en quelques épisodes, il se retrouve amant régulier à la fois de Felicia (femme du doyen), Jill (assistante de son cours) et enfin Jackie (jeune étudiante et stripteaseuse à ses heures). Jusqu’à la mi-saison, il parvient plutôt à jongler avec ses trois conquêtes, mais lors d’un épisode assez génial (3X8), tout s’entrechoque, tout est découvert, tout explose. Comme si cela ne suffisait pas, Karen est de retour et malgré ces révélations, le moment d’envisager l’avenir ensemble, en famille, est sur la table. Un nouveau départ est prévu. Le déménagement se prépare, mais un grain de sable vient enrayer la machine dans une scène mémorable sur fond de « Rocket Man », le couple se déchire dans les larmes. En effet, Karen apprend que Hank a couché avec Mia, la fille de Bill (son ex-mari). Cette affaire étant sur le point de faire les gros titres car la jeune fille en pleine promotion pour son faux livre est contrainte par un nouvel agent d’étaler cette liaison. Malheureux et largué, la justice va s’en mêler et Hank se fait arrêter car au moment de la coucherie celle-ci était mineure. L’émotion passée, le cliffhanger de cette dernière scène prend le dessus et nous donne forcément envie de connaître la suite d’un Moody très certainement encore plus torturé.


En conclusion, quand Californication ne reste pas au niveau, elle s’élève. La série nous dépeint si bien l’attachement, l’osmose et la souffrance de deux personnages évoluant à la fois ensemble et si éloignés, mais incapables de s’ignorer. Et si cette saison 3 venait de conclure cette histoire ?

Saison 2 : 15/20
Saison 3 : 16/20

dimanche 1 avril 2012

Skins

Génération 2 - Saisons 3 et 4 :


Les adolescents d’Hartley, cœurs à vif ont grandi, disent des gros mots, baisent de manière bien plus libérée et se défoncent de bien des manières – qu’ils soient surdoués ou bien sûr révoltés.

En effet, un ton résolument désinvolte pour une jeunesse clairement désenchantée. Dès la saison 1, nous assistons à une première : une série basée sur les adolescents qui parvient à intéresser un public bien plus large. Si on peut imaginer que les jeunes de 17 ans suivant la série qui organisent à travers le monde des « skins party » s’identifient certainement davantage, la passion pour le programme est possible pour tous. Pourquoi ? La qualité et l’originalité sont là. Le traité du fond et de la forme est à la fois trash et punshy, sombre et coloré. La réussite est telle que les descendants aussi réussis que Misfits a vu le jour.

Il faut dire que, dès ses débuts, le casting et le scénario appuient cet aspect général. Si vous avez regardé, vous devez vous souvenir de l’incroyable Tony, d’abord maître du monde qui, fauché en plein vol, voit sa vie bouleversée ; d’une Cassie aussi borderline que troublée ; de la quête d’acceptation de soi vécue par le talentueux Maxxie ; ou encore de la mort bouleversante d’un Chris aussi attachant que paumé. La diversité des histoires et des personnalités a marqué à la fois la télévision anglaise par ce tournant, mais aussi les téléspectateurs que nous sommes face à ces deux saisons clairement atypiques.


Avec un tel degré de satisfaction (certainement atteint lors du voyage scolaire en Russie, de la comédie musicale de Maxxie ou bien sûr le cas de cet accident de bus si marquant), il était une originalité de plus qu’il allait falloir digérer, car au contraire de nos gentils Beverly Hills 90210 et autres Sauvés par le gong, non seulement à mille lieues de cet univers, mais surtout d’une stabilité certainement rassurante pour le public, tous les deux ans le casting entier serait renouvelé. A l’époque, une telle osmose entre les personnages qui allait être interrompue si rapidement passait pour un véritable gâchis. Après coup et malgré mes excellents souvenirs de la bande à Sid, Michelle et Anwar, il faut bien reconnaître que l’idée n’était pas mauvaise. Peut-être même qu’elle est une des clés de la réussite puisque cette petite perle britannique va bientôt accoucher d’une septième (et dernière) saison.

Parlons désormais de cette génération 2. Les jeunes de Bristol fréquentent le même lycée et le seul lien réel qui demeure, est l’héroïne principale - Effy - petite sœur de Tony. Fille la plus allumée de la bande, usant et abusant des mecs et des drogues, nous assisterons à sa déchéance. En âme sœur malheureuse de Freddy, le plus sérieux du groupe, c’est auprès de Cook qu’elle se livrera aux expériences les plus hard. Cook, justement, a été un atout majeur du casting qui, écorché par une enfance catastrophique, deviendra toujours plus violent. L’intelligence de Skins doit être ici la manière de doser ces personnages dans la tourmente. Cook qui baise les copines de ses meilleurs amis ou qui agresse jusqu’à fracasser complètement le visage d’un inconnu lorsque ses sentiments deviennent trop forts, parvient néanmoins à montrer ses faiblesses, à toucher et à être attachant. Parallèlement, les deux jumelles de la saison doivent composer avec cette relation fusionnelle, révolutionnée par l’homosexualité de l’une d’entre elles. JJ et Thomas apportent de nouveaux thèmes inédits liés par la difficulté à s’imposer avec une différence : celle de l’autisme, même léger, ou de l’intégration sociale.


D’une manière générale, il m’a semblé qu’une évolution, bien que légère, soit palpable. Les adolescents vont plus loin dans la décadence et deviennent d’ailleurs, en saison 4, bien plus malheureux. Le suicide d’une de leurs camarades n’aidant pas. S’il fallait évoquer une chose négative, ce serait pour moi l’image des adultes trop caricaturale : des parents aux professeurs en passant par les assistantes sociales jusqu’au psychiatre meurtrier de la fin de saison, dans Skins, quand on n’a pas 17 ans, on est forcément un connard. Cet aspect exagéré, voire irréel, est l’un des seuls attrape-prépubères dérangeants que je distingue au fil des épisodes. Un proviseur farfelu ou un parent irresponsable existent et apportent à la fois l’humour et les interactions pêchues qu’il faut, mais lorsque c’est systématique et qu’au bout de 18 épisodes, on ne peut évoquer aucune personne plus ou moins normales (à part peut-être, très rapidement, le grand-père de Freddy), Skins flirte avec l’irréalisme et j’estime qu’elle vaut mieux que ça.

Enfin, venons-en au ver qui nous pourrirait presque la pomme : le season final. Alors qu’à la fin du 4X7, bouche bée nous sommes lorsque le thérapeute s’occupant de la magnifique Effy se révèle amoureux de la jeune fille, au point de nous fracasser à coups de battes de baseball le héros de la série, Freddy, le final est bien décevant. Certainement téléspectateur voyeur et un peu sadique, l’attente de voir les réactions des amis de toute une vie face au deuil était grande. La frustration de n’assister « qu’à » la belle déclaration d’amour de Naomi récupérant sa copine, de la rigolote Pandora se rapprochant de son ex ou de la danse bien fun de Cook, Katie et Karen, sont de bien maigres consolations. Nous voulions plus et nous voulions mieux !

En conclusion, la tâche de faire oublier la première génération était difficile mais dans sa globalité, le pari est réussi. L’amitié profonde des trois garçons a été l’un des aspects les plus satisfaisants de la série. Dommage pour ce faux pas final.


Saison 3 : 16/20
Saison 4 : 15/20

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