lundi 21 mai 2012

Desperate Housewives, c'est fini !


Saisons 1 à 8.


Pour bien des sériephiles, ce titre doit résonner de manière particulière : Desperate Housewives, c'est fini ! Pour comprendre l'espèce de nœud marin qui se forme à l'intérieur de notre estomac à l'idée que nous ne retrouverons plus les quatre femmes au foyer de Wisteria Lane et leurs proches, il faut, pour sûr, revenir à la genèse de la série.

Nous sommes à la rentrée 2004 et découvrons non seulement quelque chose de complètement nouveau mais qui va révolutionner notre façon de regarder des séries à la télévision. En effet, pour beaucoup, Desperate Housewives sera représentatif de notre génération, nous, jeunes adultes qui, pour la première fois, grâce à Internet, allons suivre chaque semaine, un programme événement, presque simultanément avec 25 millions d'américains.

Certains avaient commencé à s'immerger avec les dernières saisons de Friends, Six Feet Under ou le début des aventures de Jack Bauer, mais 2004, les mecs, débutent Lost et Desperate Housewives ! Une révolution ! Je n'sais pas vous, mais j'en serai presque déjà nostalgique.

Dès son générique soigné et original, nous comprenons que le drama et la comédie télévisuels vivent un tournant. La passion qui naît autour de la série est proche de ce que nos parents ont dû vivre 20 ans auparavant avec Dallas. L'ajout au système addictif déjà existant qui est peut-être né dans ce genre de programme est bien sûr la modernité et l'humour. Si aujourd'hui, avec les chaînes du câble et les presque 10 ans qui ont passé, les provocations vont plus loin et que le public est davantage bousculé dans des séries hyperviolentes, hypersexuelles, hyperdécomplexées (Skins, Dexter, Breaking Bad, Californication, True Blood...), rétrospectivement le quartier bourgeois de Fairview, malgré un traité d'image volontairement plus policé, avait déjà cet avantage d'évoquer de nouveaux sujets tabous et sans qu'ils soient décriés ou pointés du doigt. Les héroïnes contemporaines peuvent désormais abandonner leur fils homosexuel sur le bord de la route, tromper leur mari avec un jardinier adolescent en profitant uniquement du compte en banque chargé de leur conjoint trahi, droguer leurs enfants hyperactifs pour avoir la paix, soudoyer et faire chanter, tester des sexualités plus extrêmes et surtout pêcher, boire, incendier, mentir, avorter, tuer ou se suicider. Desperate, programme d'avant-garde ? Franchement, on peut le dire. Imperfections et échecs sont au rendez-vous.


Pour ce qui est du scénario, il jongle entre les 4 femmes : Susan, Bree, Lynette et Gaby. L'une est seule, les trois autres mariées mais toutes dans la tourmente. Il faut dire que dès le premier épisode, leur meilleure amie et voisine, Mary Alice Young se tire une balle dans la tête. Dans un décor où l'apparat est roi - cette jeune femme suicidée, dont la vie était en fait, établie sur bien des mensonges et autres secrets -, découvrir la vérité est difficile et le scandale n'est jamais loin. Ce schéma sera répété durant 8 ans.

Huit années qui n'ont malheureusement pas toutes la même saveur. Sans me replonger littéralement dans les 180 épisodes de la série, il me semble que c'est véritablement à partir de la saison 6 que la prévisibilité des situations et la caricature des personnages sont devenus dérangeantes. Retour.

Première année : Géniale ! Mary Alice s'est suicidée parce qu'on la faisait chanter, elle n'est pas la mère du garçon qu'elle a élevé, la véritable maman chérie est enterrée sous la piscine du jardin.
Seconde année : Les Applewhite emménagent et occupent la cave. Rex est mort, un psychopathe pharmacien fait son entrée dans la vie de Bree. Andrew veut détruire sa mère. Pari réussi...
Troisième année : Nous découvrons la fille cachée de Tom en même temps que Lynette. La saison comporte un de mes épisodes préférés de la série : la prise d'otages du supermarché.
Quatrième année : Lynette révèle son cancer et débute une chimio. Une tornade dévaste le quartier dans un épisode exceptionnel ! Katherine est le fil rouge de la saison.
Cinquième année : Bonne surprise avec un bond dans le temps de 5 années. La cinquième fille star du casting : Edie Brit rencontre à son tour un schizo, Dave. La plantureuse nous quitte cette année-là dans un speach émouvant !
Sizième et septième années : On mélange des personnages qui n'ont rien en commun, tels que Bree et Karl, les épisodes voulus « catastrophes » sont moins forts, de nouveaux tueurs débarquent, Lynette pond encore, Paul Young est de retour mais la série s'est essoufflée.
 Huitième année : Avant de tirer sa révérence, Marc Cherry, créateur du show, nous a fait croire que ses héroïnes couraient un réel danger. Toutes complices du meurtre d'Alejandro, il fallait s'en douter, elles s'en sortent et la justice américaine devient tout à coup bien simpliste. Des moments agréables ont existé dans cette saison, on dénombre même deux morts importants, mais de manière générale, la conclusion de Desperate Housewives est à l'image de ce qu'elle était devenue ces dernières années : gentillette, prévisible et même parfois agaçante tant les fils manipulés par son scénariste crevaient l'écran. Les réelles surprises manquaient cruellement à l'image.

Heureusement même durant ces années où il était parfois difficile de se souvenir pourquoi nous étions tellement fans de la série, les prestations de Marcia Cross, Felicity Huffman, Eva Longoria, Teri Hatcher et Vanessa Williams étaient toujours parfaites. De très bons moments de comédie ont persisté, en particulier du côté de Gaby. Je regretterai néanmoins toujours la Bree des premières années, véritable phénomène à elle-seule, complexe, froide, préservant la face en toutes circonstances, si bourgeoise, si délicieuse, si maniaque, rigide et frigide. Il ne restait pas grand chose de cette Bree-là !


Le final nous est donné, l'émotion était là mais nous savons comme il est difficile de conclure une série en apothéose. Nous ne sommes pas dans le serie final de Six Feet Under mais les clins d'œil sont touchants. Le dernier tour de Wisteria Lane était rapide mais il nous a rappelé des choses que nous avons aimées. Passionnément, même.

Les 4 Desperate Housewives se quittent, nous quittent - ont un avenir aussi rose que celui des Filles d'à côté -, mais il est certain qu'elles auront marqué le public exigeant que nous sommes devenus. Presque comme pour une relation amoureuse, nous avons eu des débuts magnifiques, des souvenirs excellents et même si on s'est parfois plaint, ce sont tous ces bons moments (à ragoter autour d'un poker) qui l'emportent ! Bonne route les filles, vous nous manquerez !



5 commentaires:

Cindy a dit…

Bons résumés de toutes ces saisons ! Et j'ai adoré la métaphore à la fin de ton écrit.
"Desperate" restera une grande série, avec des personnages qu'on a aimés et qui nous ont surtout beaucoup touchés.
Je me rappelle à quel point on était tout fous au début !
Tu as tout dit, je vais juste finir sur le fait que ça va certainement nous manquer à la rentrée prochaine...

popa a dit…

C'est bizarre, je viens de terminer la série et je ne réalise pas que c'est fini...
Je me retrouve dans ce que tu écris, je me dis pour me consoler qu'il sera toujours possible de tout regarder car je n'ai vu chaque épisode qu'une seule fois (hors tornade !)...
Je trouve que les actrices ont été à la hauteur pendant ces années, c'est un plus que les 4 principales soient restées 8 ans ! Niveau comique ou émotion, elles avaient toutes leur petit plus. Mention spéciale à Lynette pour l'émotion, Gaby pour le comique de situation et Bree pour la frigidité. Susan ne m'aura pas passionné plus que ça sur les 8 ans, mais tout n'est sans doute pas à jeter. Rien que sur la saison 8, beaucoup d'émotion quand XX nous a quitté...
Le force de DH c'était aussi les acteurs principaux. Même les vieux comme Karen et Roy, ou encore Juanita ont apporté leur sel à toutes ces histoires...
Je n'ai pas trouvé le dénouement à la hauteur, je m'attendais à un pincement au coeur... A moins d'un infarctus cette nuit, il n'en sera rien...
Bref, ma compagne de visionnage et moi allons devoir nous trouver une autre série, et il ne sera vraiment pas évident de remplacer Desperate ! C'est ma fin d'une époque, un mini 29 août 1997...

popa a dit…

Je voulais dire "La force de DH c'était aussi les acteurs secondaires"
:)

Sniv a dit…

Peut-être Dallas 2012 ? :D Y a déjà la moitié du Casting de Desperate... ^^

Benny a dit…

Je ne suis pas certain que Desperate me manquera plus que ça.

Comme toi, cela fait 2, 3 ans que je ne suis plus excité mais que je regarde quand même avec plaisir.

Le supermarché et la tornade font partie de mes épisodes préférés toutes séries confondues, toutes décennies confondues ! J'ai même envie de les revoir là !

C'est difficile de faire un final à la hauteur d'une telle série. Il a été honorable mais pas ouf du tout, c'est sur. :(