Saisons 1 à 6.

Avec l’achat du septième coffret de la série, j’ai pu terminer la sixième et dernière saison de Nip Tuck. Comme tout le monde le sait, la série raconte le quotidien de Sean McNamara (Dylan Walsh) et Christian Troy (Julian MacMahon), chirurgiens esthétiques.
Il existe selon moi deux regroupements à faire sur la qualité et l’intérêt de la série, regroupements faciles puisque le premier concerne les trois premières saisons et le second, logiquement, les trois suivantes.
L’âge d’or : 2003/2006. La première saison nous lance un nouveau feuilleton original, drôle, sexy, visuellement nouveau, mêlant habilement voyeurisme et profondeur, provocation et esthétisme. On y fait la connaissance de deux médecins, amis depuis la fac qui ont monté une clinique de chirurgie esthétique. Nous entrons dans la famille de Sean, marié à la rachitique Julia et leurs deux enfants : Matt au physique atypique et la décorative Annie. Très vite, Christian se révélera être le père biologique de Matt. L’abominable liaison secrète et ancienne de quinze ans refait surface et il est temps pour chacun de gérer sa crise intérieure. Travaillant et vivant pour ainsi dire ensemble depuis toujours, la proximité de Sean et Christian influe directement sur leurs décisions, mais aussi sur le quotidien de tout leur entourage : Matt et Julia dont les positions sont les plus délicates, ainsi que Kimber – bimbo et femme à temps partiel de Christian -, ou encore Liz – anesthésiste de la clinique.
Si ces histoires familiales et amicales occupent beaucoup d’espace, la trame de fond - notamment par le biais des patientes siliconées que les deux hommes opèrent - est avant tout le sexe. Christian a en effet un goût certain pour les plaisirs de la chair. Son charme naturel, sa classe, sa tchatche et sa situation financière aisée en font un tombeur redoutable. Si jusqu’ici on pouvait additionner les problèmes relationnels des personnages et leurs aventures sexuelles, les auteurs y insèrent des éléments scénaristiques alliant suspense et meurtres dès le premier épisode. Les sublimes décors extérieurs de Miami, les plantes sulfureuses qui agrémentent le casting, les voitures de luxe, le chaos de la nuit, ses excès, la bande originale des plus classieuses, ont lancé une première saison sûre d’elle et branchée.
Les téléspectateurs du monde entier (et « votre humble serviteur ») n’ont pas eu à hésiter pour entrer directement dans une deuxième et troisième saison. Deuxième et troisième saisons qui, si l’on n’en croit l’avis des internautes, vont diviser son public. En effet, parallèlement aux histoires de nouveaux Wilbur et autres travestis ou bien sûr aux opérations chirurgicales à la pointe de la technologie et nous donnant toujours plus accès à l’intérieur du corps humain, une grande ligne directrice va faire son apparition pour les deux années à suivre. Si, dès ses débuts, Nip Tuck n’a jamais eu une direction linéaire vendant la chirurgie esthétique au premier degré et sans aucun contrepied critique, un nouveau personnage va « trancher ». Le « Carver » ou « Découpeur » y fait sa loi. Il s’attaque principalement à des jeunes filles mettant l’apparence au centre de leurs préoccupations. Caché par un masque blanc et une tenue noire, non sans rappeler les criminels des films d’horreur cultes de nos jeunes années, il les agresse en les mutilant. Sa signature n’est autre que le sourire de l’ange. Sean, essayant tant bien que mal de représenter la morale à l’intérieur de McNamara/Troy, se propose bénévolement de reconstruire ces victimes. Pourtant prévenus par le « Découpeur », les deux chirurgiens surmédiatisés devront payer le prix de leur engagement. Les deux amis se feront tour à tour agressés et pire que tout, Christian sera violé. Au fur et à mesure du temps, le suspense monte d’un cran, la police en la personne de Kit McGraw ne lâche pas, et jusqu’aux derniers instants de la troisième saison, le téléspectateur cherchera les indices lui permettant de démasquer le tueur potentiel. Comme attendue, l’identité non pas « du » mais « des » tueurs sera à la hauteur puisque la surprise est totale. Le nouveau collègue vite détesté Quentin Costa et sa complice Kit finiront par révéler leur identité, s’acharneront sur la pauvre Kimber en robe de mariée et chose peu commune à la télévision, s’en sortiront à l’autre bout du monde sans aucun retour.
Si j’ai évoqué la division des réactions, c’est que contrairement à mon entourage et à moi-même, une partie du public a regretté la direction prise par ces deux saisons. Trop de meurtres, trop de suspense, trop d’horreur, trop de sérieux, pour un scénario qu’ils préféraient plus léger. Pour ma part, après une première saison sympathique et sulfureuse, j’ai adoré ce récit haletant, sans compter que parallèlement au « Carver », bon nombre de personnages ont eu l’occasion soit d’évoluer, soit de vivre des histoires extérieures tout autant intéressantes, qu’elles soient légères ou profondes.
Arrivent les deux saisons suivantes dont je garde très peu de souvenirs clairs. Je retiens de la numéro 4 un bordel sans nom, un fourre-tout incroyable et qui sera pour moi, le déclin de Nip Tuck. Pourtant, à partir de la saison 5, Sean et Christian déménagent et montent leur nouvelle affaire à Los Angeles, ce qui aurait pu renouveler les scénarios. La saison 6 que je viens de visionner, malgré une première partie plutôt sympathique, utilisera toujours le même ressort, lassant le téléspectateur par ces nombreux changements et retournements de situation peu appropriés.
Je ne m’attarderai pas pendant des lignes et des lignes sur cette ultime histoire, tant elle n’aura pas été passionnante. En gros résumé : Sean, après s’être entiché d’une jeune psychopathe manipulatrice – Teddy – elle-même assassinée dans les bois par un autre taré, tente de se suicider, perd pied, devient alcoolique, recouche avec Julia (fiancée à un vieux et toujours plus insupportable), entretient une aventure sexuelle avec Kimber, se dirige vers l’humanitaire avec Curtis, et pour la sixième saison consécutive, emmerde son monde avec des crises de doute sur l’intérêt de sa vie et de son métier. Lassant. Christian, quant à lui, n’en est pas moins caricaturalement détestable tant ses traits de caractère et réactions sont prévisibles et manquent de dosage. Soigné de son cancer inexistant, après avoir largué Liz comme une chaussette, le chirurgien étale son ego d’épisode en épisode en se plaignant de Mike – nouvel amant bombe sexuelle de Kimber - fait envoyer son fils en prison, manipule son monde pour s’en sortir financièrement, tente de s’envoyer toujours autant de filles, dont Julia, pour finalement – ô surprise ! – se remettre avec Kimber. Cette dernière, ex-star du porno, ex-droguée, ex de Matt , ex-tout, laisse une fois de plus sa fierté au vestiaire en se prosternant devant son Christian toujours plus odieux. Enceinte, forcée d’avorter, à nouveau larguée, Kimber saute d’un bateau. Perdue en mer, elle sera déclarée morte et quitte la série quelques épisodes avant la fin. Nous retrouvons un Christian qui, sans surprise, ouvre les yeux sur ce grand amour pur et éternel qu’il avait pour Kimber, mais qui ne l’empêche pas pour autant de coucher avec sa propre mère. Mère interprétée par une Mélanie Griffith insupportable de niaiseries, et qu’on essaye, comble du comble, de nous vendre comme étant une petite campagnarde naturelle et sans artifice. C’te bonne blague ! Enfin, Matt, dont la base, il y a six ans, avait un réel potentiel, s’est transformé peu à peu en un ramassis de problèmes existentiels tous plus graves les uns que les autres, sans aucun rapport entre eux et qui atteignent leur apogée dans cette saison 6. Après les 2 papas, les aventures sexuelles avec des femmes mûres, des travestis, des transsexuels, des hommes, après les différentes addictions à toutes sortes de produits illicites, les phases de manque, de maladie, le meurtre, les nazis, les coucheries avec sa belle-mère, l’appartenance à une secte de scientologues etc., Matt se pose enfin et devient… mime. On aurait pu y croire, mais évidemment non ! Au bout de quelques jours dans ce costume ridicule, il se met à braquer et finit violé en prison, avant de vouloir changer de sexe. Après le meurtre de son macro, l’éternel adolescent au regard bête se retrouve à l’extérieur toujours paumé, tentant de s’occuper de sa petite fille Jenna, vendant de la moquette, se fiançant à une sainte-nitouche, proclamant une fois de plus des gros changements de vie qui, comme toujours, ne tiendront pas. Ava Moore, personnage important des premières saisons, refait surface et Matt la récupère grâce à un chantage débile. Dès la mi-saison, Ava représente parfaitement et grossièrement ce que les scénaristes de Nip Tuck préparent pour tirer leur révérence, à savoir jouer de la surprise et de la nostalgie. Ce procédé fonctionne souvent très bien - en particulier sur moi - mais ici, TOUS les personnages marquants du show ont droit à un revival sans intérêt : Julia, Annie qui mange ses cheveux, Mike, Erika, Ava donc et même Escobar. La série se termine sur la séparation de McNamara et Troy, puisque Sean, poussé par son entourage, part s’engager dans l’humanitaire à l’autre bout du monde. Christian continue de s’occuper d’opérations chirurgicales en s’associant avec Liz, elle-même enceinte grâce à Sean… Ces dernières lignes suffisent à démontrer à quel point Nip Tuck s’est encroûté de saison en saison.
Sur ces dix-neuf derniers épisodes, si les premiers coulent plus ou moins bien, que ces dix derniers sont mauvais (excepté le numéro 16 se déroulant entièrement dans le cabinet d’un psy), c’est l’épisode 10 qui tire son épingle du jeu grâce à Liz qui tape complètement juste dans son monologue face à Christian, et surtout à un guest de choix Eric Stonestreet (révélé avec son rôle de Cameron dans
Modern Family) accusé à tort pour un horrible viol, il finira sur la chaise électrique arrachant des larmes aux téléspectateurs.
En conclusion, vous l’aurez compris, Nip Tuck était une série qu’il était temps de finir. Les trois premières saisons ont été exceptionnelles. Désirant retrouver la fraîcheur de ses débuts, puis se renouveler, la mayonnaise prend difficilement. Le défaut principal de cette deuxième moitié et le manque de lignes directrices pour les personnages en eux-mêmes, les rapports qu’ils entretiennent et les choses qui leur arrivent. Tout le monde aura couché avec tout le monde. Aucune sexualité ne reste stable. Les personnages finissent toujours par faire marche arrière dans ce que l’on pensait être leur évolution, trahissant ce qu’ils avaient un jour entrepris. Sean et Christian perdent de leur attrait physique et même moral. Leur relation amicale, voire familiale, devient toujours plus bancale. Les événements extérieurs, que ce soit les patients et les intrigues principales quand elles tiennent debout, relèvent de l’exception.
Notes des épisodes :1 : 13,5/20 - 2 : 13/20 - 3 : 14/20 - 4 : 13,5/20 - 5 : 13,5/20 - 6 : 13,5/20 - 7 : 13,5/20 - 8 : 12/20 - 9 : 12,5/20 -
10 : 16/20 - 11 : 12,5/20 - 12 : 8/20 - 13 : 7,5/20- 14 : 13,5/20 -
15 : 6,5/20 - 15 : 12/20 - 16 : 14,5/20 - 17 : 9,5/20 - 18 : 8/20 - 19 : 9,5/20