lundi 27 septembre 2010
Ugly Betty, c'est fini !
Avec un petit décalage, il y a quelques jours, j’ai terminé le visionnage de la quatrième et dernière saison d’Ugly Betty. Retour !
Ugly Betty, c’est l’histoire d’une Betty Suarez fraîchement diplômée, passionnée de presse qui rêve d’évoluer dans le milieu fermé du journalisme. L’héroïne interprétée par America Ferrera créait l’événement en 2006 puisque le rôle-titre met en scène les aventures de cette jeune fille au physique ingrat. Cheveux touffus, frange qui dégringole, sourcils en révolution, lunettes quadruple foyer, look multicolore improbable et cerise sur le gâteau - l’ami de tous les adolescents qui ont beaucoup de chance - un appareil dentaire aux bagues épaisses sont quelques-unes des caractéristiques physiques de la nouvelle idole télévisuelle. Une première, vous en conviendrez.
Bien sûr, Betty n’est pas uniquement ce physique disgracieux : comme Angel, Betty a une âme. ^^
En effet, derrière ce physique apocalyptique de la jupe à carreaux, se trouve toute l’humanité du monde. La jeune fille démontre au fil des épisodes un optimisme à toutes épreuves, une grande intelligence, une faculté d’adaptation impressionnante, une joie de vivre communicative et surtout un altruisme presque humanitaire. Si elle frôle parfois la niaiserie, sa sincérité, ses gaffes, ses maladresses mêlées aux personnages piquants qui l’entourent, dosent parfaitement cette personnalité clairement attachante.
Ce pitch plutôt original a été desservi par un contexte particulier en Europe. Le destin de Lisa, chez nous, sur TF1 raconte l’histoire d’Elisabeth « Lisa » Plensk, jeune fille de 24 ans. Pleine d'entrain et de bonne volonté, elle vit modestement avec ses parents. Lisa vient de finir ses études avec succès et se met à la recherche d'un emploi d'assistante de direction. Elle obtient un rendez-vous d'embauche au sein d’une grande maison de haute couture mais à cause de son look démodé et de son physique désavantageux (grosses lunettes, cheveux en bataille, appareil dentaire, et lèvres gercées), Lisa n'obtient pas le poste et ne réussit qu'à déclencher les rires et les moqueries des recruteurs…(Merci Wiki!)Sur le papier, nous sommes d’accord, nous sommes dans un univers proche mais dans la réalité, la série allemande au rabais est à Ugly Betty ce que Commissaire Moulin est à Dexter, rien à voir ! J’ai dû croiser ces dernières années autant d’individus confondant les deux programmes que d’esprits fermés jugeant la pourtant subtile Buffy contre les vampires comme « machin débile à monstres », c'est dire !
Pour ceux qui, comme moi, ont franchi le cap des préjugés, nous avons assisté pour les débuts à un scénario des plus travaillés. Pour le détourner de la gent féminine, le président de Meade Publications engage Betty pour devenir l'assistante de son fils, Daniel, récemment promu à la tête du prestigieux magazine « Mode ». Si Betty est une fille de laquelle on peut ricaner, en intégrant le monde de la mode, elle passe carrément pour un big éléphant dans un magasin de porcelaine. Wilhelmina et surtout Marc et Amanda seront les principaux pointeurs du mauvais goût de la nouvelle employée. Heureusement, Betty peut compter sur sa famille avec qui elle vit dans une modeste maison du Queen’s. Maison de mauvais goût certes mais chaleureuse puisqu’elle y abrite Ignacio, le père protecteur, Hilda, la grande sœur extravagante et Justin, le neveu, féru de tendances.
Ces éléments auraient pu suffire à créer une série comique et sympathique mais les créateurs ont eu la bonne idée d’y ajouter ce qu’il fallait d’intrigues et de drames. Ainsi, au fil du temps nous assistons aux mystères entourant le meurtre de Fey Sommers, la culpabilité de Claire Meade interprétée par Judith Light, la fantastique Angela Bauer de Madame est servie, l’escroquerie de Sofia Reyes incarnée par Salma Hayek ridiculisant Daniel en public, les différentes trahisons de Wilhelmina manigançant toujours plus finement pour s’approprier le magazine, l’existence et la transformation d’Alexis, la mort brutale de Santos, la fuite de Claire, l’exil d’Ignacio, le mariage catastrophe de Wilhelmina et Bradford, les déboires de Betty et Henry, interprété par Christopher Gorham, vu récemment dans Harper’s Island, et même un vol de sperme.
Au bout de 3 ans, la série part légèrement en sucette avec des personnages un brin trop caricaturaux, des histoires tirées par les cheveux, un Daniel Meade toujours plus crétin allant de la période « je travaille en jogging » à l’attachement ridicule pour une condamnée à mort, sans oublier la secte débilitante. Sa faculté à se laisser manipuler et retourner sa veste en un éclair a été souvent agaçante. L’agacement proviendra aussi de l’esprit Vie de Famille propagé chez les Suarez où l'intimité n’existe pas.
Persuadé que la plus que moyenne saison 3 engendrerait une saison 4 bâclée, ma surprise n’en a été que plus grande. Le début de cette quatrième et dernière partie contient toujours quelques éléments agaçants, avec en tête de gondole le nouveau mec de Betty, Matt, un plat de nouilles qui heureusement sera vite éclipsé. Hilda, à l’opposé, renoue avec un ancien amour, Bobby, personnage très sympathique avec qui elle forme un couple des plus charmants. Justin que l’on voyait chanter et danser et « se maniérer » toujours plus fait son coming out au moment du mariage de sa mère. Cette intrigue est construite intelligemment et l’émotion y est réelle, loin des préoccupations gnagngnan que la série a pu développer à l’intérieur de cette famille par le passé. Cette même émotion est justement dosée alors que Betty s’apprête à quitter la ville pour sa nouvelle vie et son nouveau poste de journaliste impliquée et accomplie. Même si on pense parfois à une fin idéalisée du genre des Filles d’à côté, où absolument chaque histoire se termine bien : Claire et Daniel accueillent un nouveau fils/frère, Amanda retrouve son père et une vocation, les Suarez sont heureux, Wilhelmina et Marc obtiennent enfin les places qu’ils convoitent depuis 4 années, on pardonne aux scénaristes parce que le pari est gagné. J’ai aimé chacun des personnages, ce qui est un défi en soit et on sent parfaitement que les scénaristes se sont fait plaisir et ont voulu faire plaisir à leur public pour ce final en incluant de nombreux retours surprises, Christina en tête. D’autre part, comme dans le final de Friends, chacun des héros a eu droit à son moment avec Betty et je dois dire que plusieurs de ces échanges étaient émouvants. Sans trop en faire, en restant drôle, tout le monde se dit « Au revoir », tout le monde montre son évolution et oui, tout le monde s’aime et c’est très bien comme ça !
4 ans plus tard, Betty n’est plus Ugly et ça n’a été ni grossier ni dénué de toute logique, Betty reste elle-même, a su apprivoiser un monde qui lui était hostile mais elle porte des jeans aujourd’hui. Amanda et Marc hurlent toujours en la voyant, on se souvient d'ailleurs de cette Amanda surréaliste qui demandait il y a quelques temps encore à l’assistante si ses parents étaient de vrais pigeons et on se marre toujours. En fin de compte, ces 3 là se sont trouvés. Je conclus sur ces rapports en particulier mais précisément, dans Ugly Betty, ce sont les rapports entre tous ces personnages qui ont été les plus intéressants, les plus riches. Chez Mode, on était dans un gros bonbon rose, on surjouait par moment, on se moquait parfois. Cette chose sucrée a bien fonctionné sur moi, Ugly Betty me manquera.
16/20
Fiche technique :
Adaptée par Silvio Horta et Salma Hayek de la telenovela colombienne Yo soy Betty, la fea de Fernando Gaitán et diffusée sur ABC.
America Ferrera : Betty Suarez (2006-2010) (VF : Marie Miller)
Eric Mabius : Daniel Meade (2006-2010) (VF : Anatole de Bodinat)
Alan Dale : Bradford Meade (2006-2007) (VF : Michel Derville)
Rebecca Romijn : Alexis Meade (2006-2008)
Judith Light : Claire Meade (2007-2010)
Vanessa L. Williams : Wilhelmina Slater (2006-2010) (VF : Isabelle Leprince)
Tony Plana : Ignacio Suarez (2006-2010) (VF : François Dunoyer)
Ana Ortiz : Hilda Suarez (2006-2010) (VF : Véronique Alycia)
Ashley Jensen : Christina McKinney (2006-2009) (VF : Blanche Ravalec)
Becki Newton : Amanda Tanen (2006-2010) (VF : Agnès Manoury)
Mark Indelicato : Justin Suarez (2006-2010) (VF : Victor Naudet)
Michael Urie : Marc St James (2006-2010) (VF : Damien Witecka)
4 saison de septembre 2006 à avril 2010.
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6 commentaires:
Et ben, quel article !!
Je partage ton opinion sur les stupides qui comparent Lisa et Betty, j'ai souvent répondu que c'est comme si on comparait Hélène et les garçons et Desperate housewives, sur la forme.
Je ne partage pas ton avis sur la saison 3 que tu qualifies de moyenne, je me pissais dessus avec Lindsay Lohan !
Moi aussi Betty me manquera mais je préfère 4 ans et une bonne fin plutôt qu'une baisse constante d'intérêt et de qualité sur 8 saisons.
Sauf que dans Hélène et les garçons, Cricri se drogue et c'est un peu bien !
Pour la saison 3, c'est un souvenir de facilité générale et en comparaison avec cette dernière, j'étais hyper content chaque soir devant ma télé.
Comme toi, je préfère une bonne fin (où on a quand même failli mettre Betty et Daniel ensemble, le truc impensable) à un "tirage en longueur". C'était bien et je reverrai la période Lindsay Lohan dont je me souviens mal.
J'ai aussi failli devenir fou en les voyant tous les 2 à Londres, ça n'aurait eu aucun sens. Là, chacun se fait son propre avis sur leur avenir...
J'étais à Audun le tiche quand j'ai vu la toute fin du dernier épisode...
J'ai adoré cette saison. Je suivais plusieurs séries en même temps, chaque semaine. Et c'est l'une de celles que j'attendais avec le plus d'impatience !
Marc et Amanda me manquent encore !
Je me souviens Popa... A Audun-le-Tiche, sur mon lit...
C'était trop tard pour faire ça, pas assez préparé même si la manière dont ils ont pointé la connaissance et l'attachement mutuels l'un à l'autre en particulier par le biais de Claire n'était pas exagéré, mais c'est mieux comme ça !
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